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Bonjour à tous
Après l’arrivée fracassante de l’automne, le soleil reprend timidement un peu plus de place.. Si nous sommes soulagés que Boris ne soit pas passé par ici, certaines cultures ont tout de même été bien affectées et la production des légumes d’été – qui n’était déjà pas glorieuse avant – a chuté au plus bas. Y aura-t-il encore une remontée ? Nous l’espérons, mais rien n’est certain…
Le WE prochain, nous voterons – entre autres - sur l’initiative sur la biodiversité. Globalement le monde paysan s’y oppose assez farouchement. Sans vouloir influencer vos intentions de vote, voici quelques réflexions :
L’argument principal des opposants est que si nous produisons moins, il faudra importer plus.
Ce raisonnement n’est bien entendu pas dénué de logique... Mais il part du principe que nous ne sommes en aucun cas enclins à changer à notre mode de consommation... On préfère donc outsourcer une pseudo-réduction de CO2, acheter de la forêt à l’étranger et se congratuler de notre système de tri de déchets et ainsi balayer quelques problèmes sous le tapis…
Mais cela ne changera rien à la disparition des abeilles, au fait qu’il n’y a bientôt plus une source non polluée et que notre mode de vie est tout sauf durable (nous consommons en 5 mois des ressources pour 12).
Et si le monde n’était pas blanc ou noir ? S’il existait une autre réponse au problème "produire plus" ? ou "importer plus" ?
Actuellement plus de 75 % de notre surface agricole de 14 500 km² est dédiée à la production animale (donc env 10’000km2, soit 1 million d’ha) . Parmi ces terrains, certains se trouvent en montagne et ne pourraient guère être valorisés autrement dans un but agricole. La gestion de ces pâturages est généralement assez extensive, les réflexions suivantes concerneront donc les zones de plaine dont l’exploitation est en revanche souvent assez intensive.
Si nous diminuions la production animale de 20 % (on ne parle donc pas de devenir une nation végane ...mais on produirait bien sur un peu moins de poudre de lait à partir des excédents dont on ne sait que faire à part les exporter à bas prix … ) libérerait plus de 100’000 ha de terrain.
Pour ceux qui viennent de vérifier le calcul: je sais que 20 % de 10’000 km2 serait plutôt 200’000 ha et que 100’000 ha n’est donc qu’environ la moitié des 20 % de 10’000 km², mais il faut aussi tenir compte du fait que nous importons actuellement passablement d’aliments pour les animaux dont nous pourrons alors produire un plus gros pourcentage..
Si 75 % des terres sont dédiées à la production animale, les 25 % restants concernent la production de céréales, de légumes, de fruits et autres productions plus marginales. Parmi ceux-ci les fruits et légumes n’occupent en réalité qu’un petit 3 % de notre surface agricole (et encore, j’arrondis vers le haut). Ce 3 % représente 25’000 ha, soit un quart seulement des 100’000 ha que nous pourrions réaffecter autrement si nous diminuions la consommation de produits animaux suisses de 20 %. Dans un monde idéal, nous pourrions alors en profiter pour doubler la surface dédiée aux fruits et légumes et nous n’aurions alors plus à en importer (.. là, mon petit doigt me souffle : «oui, mais les tomates en hiver ? et les orange, ? et les bananes ?») . Quoi qu’il en soit, nous pourrions libérer entre 50 et 75’000 ha , importer moins et réorganiser env 5 % de nos terrains.
Si nous diminuions la production animale de 30 % nous pourrions carrément envisager l’autosuffisance alimentaire ET une production globalement plus respectueuse de l'environnement.. et nous consommerions toujours plus de produits animaux que ce qui est recommandé par l’OMS (qui n’est pas reconnue pour ses positions extrémiste ou militantes…). En pure théorie, cette réduction de la production pourrait même rester sans impact sur la consommation si on arrivait à maîtriser le gaspillage alimentaire estimé à 33 % de la production (c’est si simple en théorie..) .
Indépendamment des sujets de votations, ne serait-il pas temps de reprendre une fois notre «comptabilité» sociétale. Si nous pouvions trier nos priorités aussi bien que nos déchets, il serait probablement possible de réduire considérablement notre impact (et accessoirement nos dépenses) sans même toucher au confort de vie. Sans grandes perspectives de retombées économique positives, de telles remises en question sont taxées de décroissantes .. notion qu’on fait rimer avec avec décadentes et dégradantes… (c'est dommage.)
Encore deux petites réflexion pour la route :
1)Alors que tout le monde s’accorde à se scandaliser sur la destruction de forêts au Brésil : rappelons que c’est exactement ce qui s’est passé en Europe il y a des centaines d’années et qu’au jour d’aujourd’hui, le Brésil compte encore un plus fort pourcentage (je parle bien de pourcentage et non pas de surface absolue..) de surfaces protégées que la Suisse (ce qui ne constitue évidemment aucune excuse pour la politique de déforestation actuelle!).
2) La Chine, largement présentée comme plus gros pollueur de la planète, possède plus de surfaces naturelles protégées que de surfaces agricoles.. c’est un meilleur taux que la Suisse.
.. à défaut de pouvoir résoudre les problèmes de notre société de consommation, nous sommes heureux de pouvoir vous livrer demain un panier de légumes (locaux, de saison, produits par des personnes qui aimeraient accorder plus de place à la nature.. et qui pensent que c'est possible, sans pour autant revenir à l'âge de pierre)
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